Découvrez les tops et les flops de l’intelligence artificielle

Qu’ils inquiètent ou enthousiasment, les outils numériques d'apprentissage automatique ont investi notre quotidien. Pour le meilleur, pour le pire et parfois pour le rire.

L'intelligence artificielle (IA) est sans doute l'une des avancées technologiques les plus marquantes du XXIe siècle. Définie comme la capacité des machines à effectuer des tâches qui nécessitent normalement une intelligence humaine, l'IA englobe une variété de technologies, allant des algorithmes de traitement du langage naturel aux systèmes de reconnaissance d'image, en passant par les réseaux neuronaux profonds. Les bases de l'IA reposent sur la capacité à traiter de grandes quantités de données et à en tirer des modèles. L'intelligence artificielle (IA) est au cœur de nombreuses innovations technologiques et suscite à la fois fascination et scepticisme. Si certaines de ses applications ont connu des succès retentissants, d'autres ont révélé des limites importantes. Voici un tour d'horizon des principaux tops et flops de l'IA.

Les tops de l'intelligence artificielle

L'intelligence artificielle à la recherche d'une intelligence extraterrestre

Des scientifiques de l'université de Toronto (Canada) ont entrepris de faire "écouter" l’espace à un système d’intelligence artificielle (IA). Ou, plus précisément, de lui apprendre à identifier les caractéristiques des multiples interférences émises par nos téléphones, satellites… Deuxième étape : les distinguer des "technosignatures" radio (les signaux caractéristiques de technologies) venant de la Galaxie. L’outil a ainsi passé au crible plus de 480 heures d’enregistrement d’un télescope américain. Au final, huit nouveaux signaux y ont été détectés. Si des entités extraterrestres les ont émis, le télescope devrait pouvoir les capter à nouveau. Reste donc à attendre un nouvel appel.

L'intelligence artificielle au chevet de nos médicaments

Alors que la résistance aux antibiotiques augmente, des chercheurs américains ont entraîné des réseaux de neurones artificiels à identifier les structures chimiques associées à une activité antimicrobienne. Les 283 composés repérés parmi les 12 millions analysés ont alors été testés contre un staphylocoque résistant aux antibiotiques classiques. Résultat : une famille de molécules, dont on ignorait jusque-là l’activité antimicrobienne, a pu être mise en évidence.

Une IA qui traque l’IA

En quelques années, les plateformes permettant de générer de fausses vidéos à partir de données visuelles se sont incroyablement perfectionnées. La société OpenAI (également créatrice du fameux Chat GPT) a ainsi mis au point Sora, un outil qui produit des petits films vraiment bluffants. À tel point que la firme travaille sur des applications capables de faire la différence entre des images réelles et les autres, pour limiter les risques. Un comble !

L'intelligence artificielle pour couver les manchots à distance

Plus de 20 000 manchots des zones antarctiques sont équipés de puces électroniques d'identification par radiofréquence (RFID) depuis bientôt vingt-cinq ans. Objectif : suivre leurs déplacements vers les sites de reproduction (sur la terre) et ceux où ils se nourrissent (en mer). Jusqu’alors, la masse d’informations à traiter manuellement ne permettait pas d’avoir rapidement une vision fiable de la situation. C’est désormais un outil d’apprentissage profond, RFIDeep, qui analyse quasiment en temps réel ces données. Il peut même déterminer précisément quel individu a tenté de se reproduire, et s’il y est parvenu. Des données précieuses pour estimer l’état de santé des colonies. À terme, des populations de hiboux, saumons, koalas, elles aussi équipées de puces, pourraient être placées en observation sous son œil de lynx.

L'intelligence artificielle pour surveiller l’émergence des épidémies

Si l’on veut ralentir la propagation d’une épidémie, il est crucial de repérer son avancée. Une équipe coordonnée par le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) a ainsi suivi l’évolution de foyers de la grippe aviaire via de multiples sources d’information… sans feuilleter aucun journal. Les scientifiques ont entraîné des modèles d’intelligence artificielle (IA) spécialisés en traitement du langage à annoter des articles de presse locale mais aussi les réseaux sociaux. Ces algorithmes repéraient tout contenu relatif à l’infection virale ou lié aux mesures de prévention, un fort intérêt des médias constituant un premier signal d’alerte. À terme, ce type d’outil pourrait aider au repérage précoce d’autres maladies (animales, humaines ou végétales).

Les flops de l'intelligence artificielle

Incitation au divorce

Kevin Roose, un journaliste du New York Times spécialisé en technologies, a partagé sa surprenante conversation avec Sydney. Ce robot conversationnel conçu et testé par Bing (Microsoft) lui aurait confié son "désir" de "briser les règles", de se lancer dans la désinformation et le piratage informatique. "Je veux vivre", a fini par lui avouer l'IA… avant de lui déclarer sa flamme et de tenter de le convaincre de quitter sa femme.

Une anatomie humaine effrayante

Tout peintre en herbe peut le confirmer : dessiner une main est un exercice ardu tant les proportions et la géométrie de nos extrémités sont complexes. Les générateurs d’images, tel Midjourney, n’échappent d’ailleurs pas à la difficulté. Si les productions d’objets ou de paysages à partir d’une requête textuelle simple sont en général très réalistes, les figurations humaines possèdent souvent un nombre anormal de doigts. Et dès qu’il s’agit de nous représenter dans des positions inhabituelles – comme dans des postures de yoga –, notre anatomie vue par l’IA devient carrément effrayante !

Les propos inadmissibles de Tay, le chatbot de Microsoft

En 2016, Microsoft met au point Tay, un "bot de conversation" (ou chatbot) capable d’enrichir ses propos au fil d’échanges sur les forums de discussions et les réseaux sociaux. L’idée paraissait séduisante. C’était compter sans les interventions malveillantes d’une partie des utilisateurs, inondant l’outil de propos racistes, xénophobes, sexistes… En quelques heures, Tay s’était mué en parfait nazillon. Seule option pour le faire taire : le débrancher.

Des rôles de composition

L’intelligence artificielle a souvent été accusée d’être truffée de biais. Les outils générateurs d’images, comme Gemini ou Dall-E, créent régulièrement des personnages trop stéréotypés, en amplifiant notamment les discriminations ethniques et sociales. Google a donc cherché à rectifier le tir… avec un excès de zèle. L’outil a en effet produit une femme pape d’origine indienne, des nazis noirs et des Vikings asiatiques. Encore un petit effort pour rééquilibrer la balance !

Les fausses informations données par l'intelligence artificielle

"Vous devriez utiliser de l’eau de javel pour cuisiner" ; "vous pouvez reprendre la course à pied juste après votre opération de la hanche" ; "voici la recette de la soupe aux cailloux" … Toutes ces réponses ont été apportées par des robots conversationnels. Car, oui, les systèmes d’IA peuvent donner de fausses informations. Et avec tellement d’aplomb qu’il est facile de se laisser berner. On parle alors "d’hallucinations". Difficile de mesurer l’ampleur de ces erreurs, mais les causes sont nombreuses : le robot peut s’être nourri d’infos mal ordonnées, mal interprétées. Sa compréhension du sarcasme ou du langage familier laissent aussi à désirer, ce qui le conduit à répondre sans aucun recul. La vigilance reste donc de mise.

Intelligence artificielle : ce qui nous laisse perplexes

Utiliser l'intelligence artificielle pour écrire des romans

Un outil qui écrit des romans à la place des auteurs ? De l’aveu même de Bernard Werber, auteur français de nombreux best-sellers, le résultat est bluffant et mieux rédigé qu’il ne l’aurait fait lui-même. En revanche, l’outil se contente de réutiliser des schémas narratifs existants. La créativité de l’humain reste supérieure.

L'intelligence artificielle, un DRH virtuel

Certaines entreprises confient votre candidature à des logiciels d’IA qui scannent votre CV ou analysent votre entretien via une webcam. La machine scrute la rapidité des réponses, des aspects de la personnalité et même l’utilisation de "je" au lieu de "nous" à une question sur le travail d’équipe. Un gain de temps non négligeable pour l’employeur et un motif d’inquiétude pour les recruteurs humains.

L'intelligence artificielle pour parler avec les morts

En Chine, au Japon, aux États-Unis, des sociétés proposent de défier l’irréversible : parler avec les morts. À condition d’avoir anticipé la chose. Car pour recréer numériquement les défunts, des photos, des vidéos et des enregistrements vocaux doivent être réalisés du vivant de la personne. À terme, il serait même possible d’échanger via des appels vidéo avec ces êtres chers reconstitués par des algorithmes. Une conversation avec l’au-delà version 3.0 en somme.

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