
Enseignement supérieur: la nouvelle grève des étudiants en médecine est-elle justifiée?
En grève ouverte depuis près de deux mois, les étudiants en médecine continuent de se mobiliser pour protester contre la réduction de la durée de leur formation de 7 à 6 ans. Une source au ministère de l’Enseignement supérieur a bien voulu nous parler des enjeux qui se cachent derrière ce mouvement de contestation. La question de fond qui se pose est de savoir si le Maroc doit continuer à former des médecins pour servir les systèmes de santé français et allemand, au détriment du national.
Dans toutes les facultés de médecine du Maroc, les étudiants font entendre leur colère depuis quelques semaines, multipliant sit-in et marches, allant jusqu’à boycotter les cours, les terrains de stage et les examens semestriels. Le tout pour manifester leur rejet de la réforme de leur cursus d’études, dont la durée a été réduite de 7 à 6 ans. Les étudiants grévistes estiment que cette réforme, en l’absence de mesures d’accompagnement, risque de ne pas produire les résultats escomptés, car, à leurs yeux, elle privilégierait la quantité à la qualité.
Contactée par Le360, une source au ministère de l’Enseignement supérieur a bien voulu nous éclairer sur la vision du département de tutelle et sa lecture des revendications des étudiants en médecine. «La réduction de la durée de formation en médecine de 7 à 6 ans n’est pas un acte isolé. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un vaste chantier royal de réforme du système de santé et a pour but de combler le manque criant de médecins et de professionnels de santé», affirme d’emblée notre source.
Le gouvernement a ainsi procédé à un benchmark international, et a constaté que le Maroc est le seul pays, avec la France, à avoir une formation en médecine s’étendant sur 7 ans. «Il a aussi été constaté que la septième année ne prévoit pas de cours et se limite à des stages. Les étudiants, n’étant pas pressés, prennent du temps avant de finir leurs projets de thèse, et tentent quelques stages dans les provinces en contrepartie d’une rémunération spécifique», a noté notre interlocuteur.
Les doyens des facultés de médecine ont été unanimes à relever que cette septième année du cursus n’était pas adossée à un programme pédagogique spécifique. Partant de ce constat, la décision a été prise de passer à six ans, à l’instar de nombreux autres pays (Allemagne, Espagne, Italie, etc.).
«L’idée consiste à demander aux étudiants de travailler un peu plus pour finir leurs thèses en sixième année. On a discuté avec les étudiants, qui ont adhéré à cette réforme introduisant de nouveaux outils (intelligence artificielle, télémédecine, simulation, etc.)», explique la même source.
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