Les données compilées par les chercheurs concernant le marché mondial de l’IA dessinent une tension majeure sur la volonté africaine d’amorcer son virage numérique laquelle se heurte à des insuffisances structurelles qui risquent de reléguer davantage encore le continent en marge des pôles technologiques mondiaux.
Le rapport «The Global AI Index (GAII)» consacre un chapitre entier aux efforts de gouvernance déployés en 2024. L’Union africaine y apparaît en première ligne avec la Stratégie continentale de l’intelligence artificielle, présentée comme une dynamique normative visant à harmoniser les politiques nationales autour de principes éthiques communs. Stanford souligne que ce cadre offre une vision «unifiée pour le développement, l’éthique et la gouvernance de l’IA», un positionnement qui inscrit officiellement l’Afrique dans les discussions mondiales aux côtés de l’Union européenne, de l’OCDE et des Nations unies.
Cette avancée diplomatique, saluée dans la section «What’s New in 2024», contraste toutefois avec la faiblesse des capacités techniques observées dans la majorité des États africains, révélant un décalage entre projet politique et réalité opérationnelle.
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Le chapitre consacré à l’éducation apporte une dimension plus structurelle à ce diagnostic. À peine un tiers des écoles primaires d’Afrique subsaharienne disposent d’un accès fiable à l’électricité, un prérequis pourtant indispensable à toute stratégie de formation numérique. Le document rappelle que la région reste la moins bien dotée au monde en matière d’enseignement en informatique et en sciences du numérique, malgré une amélioration enregistrée depuis 2019.
Toutefois, ce déficit crée un goulot d’étranglement qui limite mécaniquement la formation de profils spécialisés en IA. L’écart ne se résume pas à une question d’accès aux technologies: il reflète un retard éducatif qui freine la capacité du continent à participer pleinement à l’économie mondiale de l’intelligence artificielle.
L’édition 2025 du AI Index Report de l’Université Stanford, met en lumière l’écart entre la dynamique planétaire d’investissement dans l’IA et la capacité réelle de l’Afrique à se positionner dans cette nouvelle économie. Sous le vernis des discours récurrents sur le potentiel du continent, le rapport dévoile un paysage contrasté où les ambitions politiques montent en puissance alors que les fondamentaux techniques et institutionnels demeurent fragiles.
Les données compilées par les chercheurs concernant le marché mondial de l’IA dessinent une tension majeure sur la volonté africaine d’amorcer son virage numérique laquelle se heurte à des insuffisances structurelles qui risquent de reléguer davantage encore le continent en marge des pôles technologiques mondiaux.
Le rapport «The Global AI Index (GAII)» consacre un chapitre entier aux efforts de gouvernance déployés en 2024. L’Union africaine y apparaît en première ligne avec la Stratégie continentale de l’intelligence artificielle, présentée comme une dynamique normative visant à harmoniser les politiques nationales autour de principes éthiques communs. Stanford souligne que ce cadre offre une vision «unifiée pour le développement, l’éthique et la gouvernance de l’IA», un positionnement qui inscrit officiellement l’Afrique dans les discussions mondiales aux côtés de l’Union européenne, de l’OCDE et des Nations unies.
Cette avancée diplomatique, saluée dans la section «What’s New in 2024», contraste toutefois avec la faiblesse des capacités techniques observées dans la majorité des États africains, révélant un décalage entre projet politique et réalité opérationnelle.
Le chapitre consacré à l’éducation apporte une dimension plus structurelle à ce diagnostic. À peine un tiers des écoles primaires d’Afrique subsaharienne disposent d’un accès fiable à l’électricité, un prérequis pourtant indispensable à toute stratégie de formation numérique. Le document rappelle que la région reste la moins bien dotée au monde en matière d’enseignement en informatique et en sciences du numérique, malgré une amélioration enregistrée depuis 2019.
Toutefois, ce déficit crée un goulot d’étranglement qui limite mécaniquement la formation de profils spécialisés en IA. L’écart ne se résume pas à une question d’accès aux technologies: il reflète un retard éducatif qui freine la capacité du continent à participer pleinement à l’économie mondiale de l’intelligence artificielle.
Cette faiblesse se répercute logiquement dans les performances scientifiques. Le chapitre «Research and Development» est sans ambiguïté car l’Afrique subsaharienne ne représente que 0,89% des publications mondiales en intelligence artificielle, un pourcentage identique lorsqu’il s’agit des citations académiques. Le rapport met en évidence un manque chronique de laboratoires équipés, des financements insuffisants et une faible présence dans les consortiums internationaux.
La science de l’IA repose sur des infrastructures de calcul coûteuses, des jeux de données massifs et des réseaux de collaborations intenses. L’absence de ces éléments réduit mécaniquement la contribution africaine à la recherche mondiale, inscrivant une stagnation quasi décennale.
Un marché du travail numérique embryonnaire et mesuré
La faiblesse de la recherche trouve un écho direct dans l’économie de l’IA car les données de LinkedIn utilisées par le rapport ne permettent d’intégrer qu’un seul pays africain dans les comparatifs mondiaux notamment l’Afrique du Sud. Les tableaux de suivi montrent une progression réelle, mais très éloignée des rythmes observés dans les hubs asiatiques ou nord-américains. L’absence quasi totale de données pour le reste du continent traduit un déficit d’indicateurs plutôt qu’un manque d’activité. Cette carence statistique, régulièrement évoquée dans le rapport, souligne un fait majeur indiquant que la majorité des économies africaines ne dispose pas encore des outils de mesure permettant d’analyser leur propre transition numérique.
La même asymétrie se retrouve dans les enquêtes d’opinion, d’ailleurs, les populations asiatiques expriment un optimisme nettement supérieur concernant l’impact de ces technologies sur leur vie professionnelle. En Afrique, le rapport note une prudence marquée entre espoirs de gains de productivité d’un côté, inquiétudes sur la stabilité de l’emploi de l’autre.
L’absence des autres pays africains dans cette enquête traduit une faible disponibilité des données plutôt qu’un désintérêt des citoyens, mais révèle également que l’IA ne constitue pas encore un sujet de débat public structuré dans la plupart des États.
Malgré cette invisibilité statistique, l’Afrique n’est pas absente des discussions internationales sur la gouvernance technologique. Le rapport souligne que l’Union africaine siège désormais aux côtés de l’OCDE, de l’Union européenne et des Nations unies dans la formulation de cadres éthiques pour l’IA. Cette participation traduit une évolution diplomatique importante, marquant la volonté du continent de contribuer à l’élaboration des standards internationaux. Mais cette reconnaissance institutionnelle ne compense pas le retard économique.
En 2024, les investissements privés mondiaux en IA ont atteint 252,3 milliards de dollars, avec une progression de 44% des financements détectés par Quid. Les États-Unis, la Chine et l’Europe concentrent l’immense majorité des flux. L’Afrique, quasiment absente de ces cartes d’investissement, risque de renforcer sa dépendance vis-à-vis des puissances technologiques.
Le rapport identifie également une montée en puissance de la robotique, tant dans les installations industrielles que dans les usages de services. Les données issues de la Fédération internationale de la robotique montrent une concentration massive des nouvelles installations en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. L’Afrique reste, là encore, en périphérie. Ce retrait pèse lourdement sur les ambitions de montée en gamme industrielle du continent, notamment dans des secteurs comme l’automobile, le textile ou l’agro-industrie, où la robotisation façonne déjà les chaînes de valeur mondiales.
La stratégie continentale adoptée par l’Union africaine constitue indéniablement une avancée. Elle insiste sur la nécessité d’investir dans les infrastructures, de structurer des standards africains pour les données et de former une nouvelle génération de compétences. Mais le AI Index Report 2025 rappelle implicitement que les intentions politiques ne suffisent pas à combler des décennies de sous-investissement. La transformation nécessitera des capitaux considérables, des partenariats internationaux structurants et une refonte profonde des systèmes éducatifs.
La lecture globale livrée par Stanford est sans détour. L’Afrique participe aux discussions internationales, mais demeure marginale dans la recherche scientifique et quasi invisible dans l’économie mondiale de l’IA. Le retard n’est pas imputable à un manque d’ambition, mais à une accumulation de contraintes structurelles. Les fondations existent néanmoins : un cadre politique continental, une sensibilisation croissante aux risques technologiques et un début d’alignement avec les standards internationaux. Reste la question essentielle : ces ambitions se traduiront-elles en capacités concrètes?
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