
L'enseignement supérieur sous le microscope : Quand la corruption s'invite à l'université
L'actualité récente nous rappelle une réalité amère : le temple du savoir, l'université, n'est pas à l'abri des ombres de la corruption. Des affaires retentissantes au Maroc, venant s'ajouter à des scandales internationaux, soulèvent des questions cruciales sur l'intégrité du système d'enseignement supérieur et la valeur des diplômes.
Loin d'être des cas isolés, ces malversations ébranlent la confiance et exigent une action collective pour restaurer l'éthique au cœur de l'académie.
Le Maroc face à la gangrène : Des affaires qui interpellent
En mai 2025, l’Université Ibn Zohr à Agadir a été secouée par l’arrestation d’un professeur de droit, A. Q., accusé d’avoir vendu des diplômes de master à des prix exorbitants (jusqu’à 250.000 dirhams). Les investigations ont révélé un pactole suspect de 80 millions de dirhams sur le compte bancaire de son épouse. Cette incarcération a mis en lumière des pratiques alarmantes au sein de plusieurs universités marocaines.
- L'Université Ibn Zohr d'Agadir a été secouée par l'arrestation d'un professeur de droit accusé d'avoir orchestré un trafic de diplômes de master. Des sommes colossales, atteignant jusqu'à 250.000 dirhams par diplôme, auraient été versées en échange de titres universitaires sans cursus réel. La découverte de 80 millions de dirhams sur le compte de son épouse témoigne de l'ampleur de cette fraude présumée.
- À l'Université de Marrakech, un autre professeur a été placé en détention pour son implication dans un réseau de fraude concernant l'accès aux masters et la vente illicite de diplômes, avec des prix variants entre 70.000 et 90.000 dirhams pour un master et jusqu'à 150.000 dirhams pour un doctorat.
- En 2021, L'ENCG Oujda se retrouve à son tour dans le viseur d'étudiantes qui dénoncent le harcèlement sexuel de la part d'un de leurs professeurs.
- Des enquêtes ont également révélé qu'à l'Université de Tanger, entre 2021 et 2025, des professeurs auraient facilité l'obtention de diplômes contre rémunération, avec la complicité d'un ancien responsable des ressources humaines du ministère de l'Enseignement supérieur.
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Ces affaires récentes ne sont malheureusement pas des exceptions. Des cas antérieurs, tels que le détournement de fonds à l'Université Mohammed V de Rabat (2019), le démantèlement d'un réseau de faux diplômes à Casablanca (2018), les accusations de harcèlement sexuel à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech (2016), et le scandale de corruption dans le recrutement de professeurs à l'Université Hassan II de Casablanca (2021), dressent un tableau préoccupant.
La corruption universitaire : Un mal mondial
Le Maroc n'est pas seul face à ce fléau. Des scandales internationaux ont également ébranlé la crédibilité des institutions d'enseignement supérieur à travers le monde :
- Aux États-Unis, l'opération "Varsity Blues" (2019) a révélé comment des parents fortunés ont corrompu des responsables d'universités prestigieuses pour assurer l'admission de leurs enfants.
- En Allemagne, la démission du ministre de la Défense en 2011 suite à des accusations de plagiat dans sa thèse de doctorat a mis en lumière les enjeux d'intégrité académique.
- La Russie a vu en 2017 l'arrestation du recteur de l'Université d'État de médecine de Moscou pour avoir accepté des pots-de-vin en échange d'admissions.
- Au Pakistan, l'entreprise Axact a été démasquée en 2015 pour la vente de faux diplômes d'universités fantômes.
- Des cas d'harcèlement sexuel (Université de Rochester, États-Unis, 2017), de falsification de données de recherche (Université de Tilburg, Pays-Bas, 2011 ; Université RIKEN, Japon, 2014) et de réseaux d'universités frauduleuses (Inde, 2020) illustrent la diversité des formes que peut prendre la corruption dans le milieu académique.
Les conséquences désastreuses et l'urgence d'agir
Ces malversations ont des conséquences profondes et durables :
- Dévaluation des diplômes : La vente de diplômes sans mérite compromet la valeur et la reconnaissance des titres authentiques.
- Injustice et inégalité : Des étudiants méritants sont désavantagés au profit de ceux qui peuvent se permettre d'acheter leurs diplômes ou d'obtenir des faveurs.
- Perte de confiance : La crédibilité des institutions d'enseignement supérieur est minée, affectant la perception du public et des employeurs.
- Obstacle au développement : Un système éducatif corrompu ne peut former des professionnels compétents et éthiques, freinant le progrès social et économique.
Face à cette situation alarmante, il est impératif d'agir à plusieurs niveaux :
- Renforcement des mécanismes de contrôle et de surveillance au sein des universités.
- Application stricte de la loi à l'encontre des personnes impliquées dans des actes de corruption.
- Promotion d'une culture d'intégrité et d'éthique auprès des étudiants, des enseignants et du personnel administratif.
- Encouragement à la dénonciation des actes répréhensibles par la mise en place de dispositifs de protection pour les lanceurs d'alerte.
- Sensibilisation de la société civile à l'importance de l'intégrité dans l'éducation.
L'enseignement supérieur est un pilier fondamental de toute société aspirant au progrès et à la justice. Laisser la corruption s'y installer, c'est hypothéquer l'avenir. Il est temps de se mobiliser collectivement pour assainir nos universités et garantir que le mérite et l'intégrité soient les seuls passeports vers la réussite.
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Mots Clés :corruption | université | Maroc | diplômes | fraude | intégrité | harcèlement | enseignement supérieur