Rentrée universitaire : pourquoi bien se nourrir est un défi pour les étudiants

En septembre 2024, c'est la rentrée universitaire pour près de 3 millions d'étudiantes et d'étudiants en France. Après la "galère" de la recherche d'un logement pour nombre d'entre eux, les élèves de l’enseignement supérieur vont devoir apprendre à se débrouiller seuls pour se nourrir, loin du foyer familial, et souvent avec un budget restreint. Alice Bellicha, chercheuse en nutrition et santé publique, fait le point avec Sciences et Avenir sur ce que la recherche sait de l’alimentation de ces jeunes. Elle en profite pour donner quelques conseils nutritionnels issus d’un travail mené avec ses élèves de master.

Sciences et Avenir : Pour beaucoup de jeunes, le passage dans l'enseignement supérieur offre une nouvelle liberté et plus d'autonomie, mais aussi la nécessité d'organiser leur quotidien, notamment les repas. Que sait-on de ce moment de rupture avec le foyer familial ?

Alice Bellicha : Peu d’études scientifiques ont documenté cette période de la vie des étudiants. Néanmoins, une publication de l’université de Bruxelles montre qu'au cours de cette transition, il y a une modification du régime alimentaire : entre le lycée et la première année d'études supérieures, les jeunes consomment moins de fruits et de légumes.

En revanche, les produits sucrés et les encas salés de type biscuits apéritifs sont bien plus achetés. Ce travail de recherche conclut à une nette dégradation de la qualité des repas des jeunes qui poursuivent des études après le baccalauréat.

Depuis deux ans, Alice Bellicha, enseignante-chercheuse à l'Université Sorbonne Paris Nord, mène un projet de recherche sur l’alimentation des jeunes de l’enseignement supérieur. L’objectif est, d’une part, de réaliser une photographie précise de leur réalité alimentaire et, d’autre part, de proposer des solutions concrètes. Également responsable du master en Nutrition Humaine et Santé Publique de son université et convaincue qu'en matière d'alimentation les solutions ne s'imposent pas d'en haut, elle co-construit son travail universitaire avec ses étudiants.

"Pendant leurs études, les étudiants de l’enseignement supérieur prennent du poids"

Est-ce que ce régime alimentaire plus délétère pour la santé est temporaire, le temps des études, et qu'ensuite, avec l'entrée dans la vie active, de nouvelles habitudes plus vertueuses se mettent en place ?

Il est difficile de le savoir car nous ne disposons pas de données suffisantes. Mais nous pouvons formuler quelques hypothèses grâce à des études comme le baromètre santé. Ce dernier évalue les apports alimentaires et les compare entre les diff[...]

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