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Transferts d’argent : le Maroc mobilise l’OMC pour réduire les coûts en Afrique

EXCLUSIF. Le Maroc défend à l’Organisation mondiale du commerce une initiative africaine visant à réduire les coûts des transferts de fonds. Avec une moyenne mondiale de 6,65% qui grimpe à 8,37% en Afrique subsaharienne, loin du seuil de 3% fixé par les ODD, le Royaume et le Groupe africain de l’OMC soumettront, en mars 2026, un projet de déclaration ministérielle comportant des mesures concrètes de coopération multilatérale.

Ainsi, en prévision de la 14ᵉ Conférence ministérielle de l’OMC (CM14) prévue en mars 2026, le Maroc, avec le Groupe africain au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’apprête à soumettre un projet de déclaration ministérielle portant sur des mesures concrètes visant à réduire les coûts d’envoi de fonds. Cette initiative, discutée en profondeur lors des réunions du Comité du commerce des services financiers en septembre et octobre 2025, vise à inscrire cette thématique parmi les priorités de la conférence.

L’objectif est d’obtenir un mandat ministériel permettant à l’OMC de mettre en œuvre des actions concrètes pour renforcer la coopération multilatérale au service de la dynamique des flux de transferts de fonds en faveur du développement.

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Un enjeu vital pour l’Afrique

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la moyenne mondiale se situe à 6,65%. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les tarifs sont estimés à 6,18%. L’Afrique subsaharienne demeure la région du monde où les coûts des transferts de fonds sont les plus élevés, atteignant 8,37% du montant envoyé en 2024, selon la Banque mondiale. Ce taux est largement supérieur à la moyenne mondiale et très éloigné du seuil fixé par les Objectifs de développement durable (ODD), qui visent à réduire ces coûts à moins de 3% d’ici 2030 et à éliminer les canaux dépassant 5%. Sur certains corridors intra-continent, le coût dépasse même 15%. En 2023, les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont atteint environ 656 milliards de dollars, constituant une source majeure de financement extérieur pour les pays en développement. Pour plus de 60 pays, ces transferts représentent plus de 3% du PIB, avec une dépendance particulièrement forte dans certains pays fragiles.

Une approche inclusive et complémentaire

Dans leur communication adressée au Comité du commerce des services financiers, le Maroc et le Groupe africain plaident pour une approche inclusive, complémentaire des efforts déjà entrepris par d’autres institutions internationales. L’initiative marocaine reconnaît le rôle central que l’OMC peut jouer en tant qu’organisation garantissant la prévisibilité et la stabilité des flux commerciaux.

Les mesures proposées incluent le renforcement de la collecte de données sur les flux de transferts et l’analyse des facteurs de coûts, ainsi que le partage d’expériences nationales et régionales sur des paiements transfrontières moins coûteux, plus rapides et plus transparents. Elles visent également à identifier les besoins en renforcement des capacités et en assistance technique pour les pays en développement, à améliorer la transparence des politiques commerciales impactant les coûts des transferts et à promouvoir l’interopérabilité des infrastructures de systèmes de paiement.

Des sessions thématiques riches en enseignements

La session thématique d’une journée et demie organisée les 29 et 30 septembre 2025, suivie de la réunion du Comité le 1ᵉʳ octobre, a permis aux membres de l’OMC d’examiner les développements concernant les paiements numériques et les technologies de paiement transfrontières. Des organisations internationales telles que la Banque mondiale, la Banque des règlements internationaux, l’ISO TC68 et le Fonds d’équipement des Nations unies (FENU), ainsi que des experts du secteur privé, ont partagé leurs expériences.

Les participants ont souligné l’importance de la concurrence et de la transparence sur les marchés des paiements, ainsi que la nécessité de cadres réglementaires solides concernant les flux de données transfrontières, l’interopérabilité et la gouvernance globale. L’amélioration de l’interopérabilité des systèmes de paiement a été identifiée comme un levier clé pour réduire les coûts, accélérer les transactions et favoriser l’inclusion financière.

Le contexte migratoire mondial

Cette initiative s’inscrit dans un contexte où environ 184 millions de personnes, représentant 2,3% de la population mondiale, vivent actuellement en dehors de leur pays d’origine, poussées par les opportunités économiques, les conflits géopolitiques ou les facteurs liés au changement climatique. Près de la moitié de ces migrants se trouvent dans des pays à revenu élevé, tandis qu’un tiers vit dans des pays en développement. Le Maroc avait déjà organisé, lors du Forum public de l’OMC en 2024, un panel intitulé «Envois de fonds des migrants et développement», en reconnaissance de la contribution de ce secteur au développement économique national. Au sein de l’OMC, plusieurs membres ont exprimé leur soutien à la proposition marocaine, soulignant sa dimension développement et l’urgence de réduire les coûts des paiements transfrontières, tout en renforçant l’inclusion financière, particulièrement pour les pays les moins avancés et les plus vulnérables.

La décision du Comité du commerce des services financiers de tenir une session thématique en octobre 2025 sur la facilitation des systèmes de paiement numérique et des services d’envoi de fonds constitue une étape importante vers une approche collaborative visant à obtenir des résultats tangibles d’ici mars 2026. Le projet de déclaration ministérielle que le Maroc et le Groupe africain soumettront lors de la CM14 prévoit des mesures concrètes, avec l’ambition de faire reconnaître l’impact encore inexploité de la réduction des coûts des transferts transfrontières sur le développement durable et d’obtenir un mandat permettant à l’OMC d’apporter sa valeur ajoutée spécifique à cet enjeu majeur pour l’Afrique et l’ensemble des pays en développement.

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Mots Clés :

Maroc | MOC | Réduction des coûts | Transferts de fonds | Initiative africaine | Développement durable | Inclusion financière | Migration


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