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Université publique marocaine : Controverse sur l’introduction de frais d’inscription aux masters

La décision prise récemment par plusieurs universités publiques d’introduire des frais d’accès aux formations de master, notamment pour les fonctionnaires et autres salariés, a déclenché une vive polémique dans les milieux académiques et politiques. Cette mesure, qui bouleverse un principe fondamental de gratuité dans l’enseignement supérieur public, suscite de profondes interrogations sur la mission sociale de l’université marocaine et sur l’avenir du service public éducatif.

Plusieurs établissements ont décidé d’appliquer des droits d’inscription aux masters dits professionnels ou à temps aménagé. Ces programmes, destinés à des candidats exerçant déjà une activité, nécessitent, selon les universités, des moyens logistiques et pédagogiques supplémentaires justifiant cette contribution financière.

L’annonce de cette mesure a provoqué une levée de boucliers parmi les enseignants, les syndicats universitaires et certains élus, qui y voient une remise en cause du droit fondamental à l’éducation gratuite. Pour eux, cette tarification marque une inflexion préoccupante vers un modèle où l’accès aux études supérieures dépendrait de la capacité financière des étudiants.

Dans une question adressée au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Farida Khniti, députée du Parti du progrès et du socialisme (PPS), a dénoncé une décision « injuste et discriminatoire » envers les fonctionnaires et les salariés. Selon elle, cette orientation installe une logique commerciale au sein d’un service censé relever de la solidarité nationale. La parlementaire avertit que « l’université publique risque de se transformer en espace réservé à une minorité privilégiée », accentuant ainsi les fractures sociales.

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Les universités concernées affirment que cette contribution financière vise à améliorer la qualité des enseignements et à assurer la pérennité de certaines formations exigeantes. Le dispositif, expliquent-elles, resterait optionnel et concernerait uniquement les profils bénéficiant déjà d’avantages professionnels, tels que des horaires flexibles ou la prise en charge partielle des frais par l’employeur.

Une contribution présentée comme un levier d’équité et de performance

Pour le ministère, cette approche s’inscrit dans une logique de « participation équitable » aux coûts de formation et d’optimisation des ressources publiques. L’objectif affiché serait de préserver la gratuité pour les étudiants réguliers tout en responsabilisant certaines catégories bénéficiaires.

Cependant, plusieurs observateurs soulignent l’absence d’un cadre juridique clair pour encadrer ces initiatives, ce qui crée des disparités entre les établissements. Le montant, les conditions d’accès et les critères d’exonération diffèrent d’une université à l’autre, soulevant des interrogations sur la transparence et l’égalité de traitement.

Les syndicats de l’enseignement supérieur, appuyés par de nombreux enseignants-chercheurs, alertent sur un glissement vers une privatisation déguisée de l’université publique. Selon eux, introduire des frais, même partiels, revient à fragiliser la notion d’universalité d’accès au savoir. Certains estiment que cette démarche pourrait ouvrir la voie à une généralisation progressive des formations payantes, transformant l’université en prestataire de services plutôt qu’en institution de savoir et d’émancipation.

Ces acteurs plaident pour la mise en place de mécanismes de financement alternatifs, comme des partenariats public-privé ciblés, un renforcement du budget public dédié à la recherche, ou encore des bourses de soutien pour les étudiants en reprise d’études. L’enjeu, selon eux, est de garantir la durabilité financière du système sans compromettre son accessibilité sociale.

Cette controverse intervient dans un contexte où l’enseignement supérieur marocain connaît une phase de réorganisation profonde : refonte des cursus, alignement sur les standards internationaux et introduction de nouvelles logiques de gouvernance. Ces mutations, destinées à renforcer la compétitivité des universités marocaines, soulèvent néanmoins la question de l’équilibre entre efficacité économique et égalité des chances.

Pour une large partie de la communauté universitaire, la gratuité n’est pas seulement une question budgétaire, mais un symbole de justice et de cohésion sociale. L’université marocaine, rappellent-ils, a longtemps joué un rôle moteur dans la mobilité sociale et la démocratisation du savoir. En fragilisant ce modèle, le pays prendrait le risque d’accentuer les inégalités et d’affaiblir le lien de confiance entre les citoyens et leurs institutions.

Ainsi, au-delà du débat sur la tarification des masters, c’est toute la philosophie du service public de l’enseignement supérieur qui se retrouve au cœur de la discussion : un espace qui doit concilier excellence, accessibilité et équité, dans un contexte de mutation économique et sociale sans précédent.

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Mots Clés :

frais d'inscription | master | gratuité | enseignement supérieur | polémique | université marocaine | équité | service public

 


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