
Enseignement supérieur : la présentation du projet de loi reporté, les contestations continuent
Prévue pour mardi prochain, la présentation du projet de loi n°59.24 sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique a été reportée à une date ultérieure à la demande du gouvernement. Ce report intervient dans un contexte de tension croissante entre le ministère de tutelle et les acteurs du secteur, mobilisés contre une réforme jugée opaque et inégalitaire.
Le gouvernement a demandé à la Commission de l’éducation, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants de reporter la présentation du projet de loi n°59.24 relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique, initialement prévue pour mardi prochain, apprend-on de nos sources.
Ce report vise à coordonner la présentation du texte avec la discussion sur la rentrée universitaire 2025-2026, et non à répondre aux pressions syndicales ou politiques. L’objectif affiché serait de replacer la réforme de l’enseignement supérieur dans une vision globale de refonte du système éducatif national.
La commission devrait d’ailleurs, dans la même dynamique, examiner la rentrée scolaire avec le ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Mohamed Saad Berrada, afin de dresser un premier bilan du démarrage du nouveau cycle académique.
Ce calendrier réaménagé n’en demeure pas moins révélateur d’un contexte délicat. Le texte, annoncé comme structurant pour l’avenir de l’université marocaine, suscite autant d’attentes que d’inquiétudes au sein du corps enseignant et du monde académique.
Lire aussi : Carte Verte À La Main Le Maroc Veut Sa Revanche Face À La France
Le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup), principale organisation représentative du corps professoral, dénonce un défaut de transparence et de concertation dans l’élaboration du projet de loi. Selon le syndicat, la version finale du texte n’a jamais été transmise à ses représentants, malgré un engagement antérieur du ministère à travailler sur une approche participative.
Le SNESup estime que le projet, dans sa forme actuelle, ne garantit pas l’autonomie des universités sur les plans administratif, pédagogique et financier. Il craint qu’il porte atteinte au principe de gratuité de l’enseignement supérieur, en introduisant des mécanismes assimilés à une logique de privatisation partielle.
Parmi les points les plus contestés figure l’instauration du « master payant » pour les salariés et fonctionnaires, une mesure considérée par les enseignants comme une rupture avec la mission publique de l’université, mais aussi comme une inégalité d’accès à la formation.
Par ailleurs, le bureau national du SNESup doit se réunir dans les prochains jours, au plus tard vendredi, pour arrêter un nouveau plan d’action. Après plusieurs grèves successives les 30 septembre, 1er, 2, 7 et 8 octobre, le syndicat envisage de renforcer la pression si ses revendications ne sont pas prises en compte.
Le mouvement protestataire s’appuie d’ailleurs sur un mécontentement généralisé dans les campus. Des sources universitaires confirment que de nombreux enseignants et responsables de filières ont choisi de ne pas appliquer strictement les directives ministérielles sur la sélection des étudiants en master, jugées trop rigides et inadaptées aux spécificités des établissements.
A Casablanca, la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Hassan II a maintenu les concours écrits et oraux pour l’accès à certains masters, suivant les procédures habituelles. A Rabat, l’Université Mohammed V a opté pour une autre approche, à savoir la suppression des épreuves écrites et le maintien des entretiens oraux.
Découvrir davantage...
- Rejoignez notre page Facebook
- Suivez-nous sur linkedin
- Découvrez toute l'actualité des études supérieures et de la formation professionnelle
Mots Clés :
projet de loi | enseignement supérieur | recherche scientifique | report | SNESup | transparence | master payant | inégalités